En décembre dernier, l’usine d’Onet-le-Château a acté l’arrêt de la production d’injecteurs “common rail”, pour les moteurs diesels. Dans un contexte où la fin de la vente de véhicules à moteurs thermiques, d’ici 2035, est de plus en plus contestée en Europe, le site cherche toujours des pistes de diversification.

Une page vient de se tourner au sein de l’usine Bosch d’Onet-le-Château. Le 13 décembre dernier, les machines produisant les injecteurs dits “common rail” ont été stoppées. Plus de vingt-neuf millions de ces pièces ont été produites depuis 2008 au sein de l’usine aveyronnaise, avec trois générations d’injecteurs pour une quantité de pièces défectueuses très faible. Une illustration du savoir-faire et de la technicité des salariés de l’usine Bosch, qui a longtemps fait sa réputation.

Dans les années 1990, Bosch a utilisé ces premières expériences pour fabriquer et commercialiser en grande série le common rail. Les premiers véhicules de série équipés d’une injection common rail sont donc vendus dans la seconde partie des années 1990. Aujourd’hui, le common rail équipe tous les moteurs diesel de grande série.

Mais avec la chute inexorable de la vente des véhicules diesel, Bosch cherche depuis plusieurs années à tourner la page de cette technologie. Avec, notamment le projet de système de réfrigération des camions fonctionnant l’hydrogène, baptisé Fresh 2. Alors, la fin de cette ligne de production d’injecteurs “marque sûrement une étape de notre usine, souligne Cédric Belledent, délégué Sud. Même si cette fin était attendue et programmée. Les machines ont été démontées début janvier, les diminutions d’effectifs sur cette ligne ont été progressives”.

Huit pays s’opposent à la fin des moteurs thermiques

Toutefois, encore et toujours, l’avenir de l’usine Bosch d’Onet-le-Château s’inscrit dans un contexte politique et économique qui va bien au-delà des frontières de l’Hexagone. Tout récemment, plusieurs pays européens accueillant sur leur sol de nombreux emplois liés à l’industrie automobile n’ont pas dit leur dernier mot s’agissant de la fin programmée du moteur thermique, prévue en 2035.

Allemagne, République tchèque, Pologne, Italie, Slovaquie, Roumanie, Portugal et Hongrie. Huit pays qui ont décidé de se réunir pour s’opposer à cette proposition du Parlement européen “à cause de ses conséquences négatives pour l’industrie”. “La France n’a encore rien dit, déplore Cédric Belledent. De toute manière, si nous abandonnons le moteur thermique, la Chine prendra les parts de marché et cela aura des conséquences désastreuses pour l’économie française et européenne.”

Un point de vue auquel Jean-Louis Chauzy, le président du Ceser (Conseil économique social et environnemental d’Occitanie), adhère. “Il ne faut pas miser sur le tout électrique, ça serait une erreur, plaide-t-il. N’allons pas trop vite en besogne. Il faut également miser sur l’hybride.”

En parallèle, les effectifs au sein de l’usine d’Onet-le-Château ont diminué. Le délégué Sud, Cédric Belledent évoque “le départ de 190 salariés du site, en préretraite, en 2023. C’est considérable. Et cette tendance ne faiblit pas depuis des années”. Toujours selon Cédric Belledent, il y aurait actuellement 843 salariés actifs sur le site d’Onet-le-Château. “La moyenne d’âge des employés du site est également assez élevée, poursuit-il. Dans cinq ou six ans, les effectifs la question de l’âge des salariés se posera plus encore. Nous attendons un signal positif de la part de la direction, qu’elle injecte du sang neuf au sein de notre site, avec 40 ou 50 jeunes que l’on ferait rentrer ces prochaines années.” Au mois d’octobre dernier, Heiko Carrie, le directeur général de Bosch France, en visite sur le site avait annoncé que “le nombre de nos collaborateurs sera de 513 personnes en 2028”, à Onet-le-Château. Ce qui, selon lui, ne devrait pas remettre en cause la pérennité du site.

ph.h. – La Dépêche – le 15/03/2023