L’hélice NP2000 de Ratier-Figeac, exposée à l’Elysée lors de la deuxième édition de l’exposition “Fabriqué en France”, les 3 et 4 juillet 2021.

Les 3 et 4 juillet, le palais de l’Elysée, à Paris, accueille la deuxième édition de l’exposition « Fabriqué en France ». Du yaourt nature à l’hélice d’avion en passant par le rhum et les collants de compression, 126 produits illustrent la variété de l’industrie française, mis en valeur comme des bijoux dans le somptueux écrin d’un palais de la République.

Fini le « made in France », place au « Fabriqué en France ». L’expression court les salons dorés et les discours de la « Grande exposition du Fabriqué en France », qui se tient au palais de l’Elysée les 3 et 4 juillet. Cette deuxième exposition, après celle de janvier 2020, des talents industriels français au cœur d’un palais de la République met du baume au cœur des industriels, après une année difficile. Ils sont 126, au moins un par département, sélectionnés parmi 2325 candidats par les services de Bercy.

Il est presque 20 heures, vendredi 2 juillet. Dans la douceur estivale des somptueux jardins élyséens, le président de Ratier-Figeac, Jean-François Chanut, mitraille de son smartphone le président Macron, placé pile dans l’axe de l’hélice NP2000 fabriquée dans son usine de Figeac (Lot). Photogénique à souhait avec ses 8 pales en composite, l’hélice promeut un secteur aéronautique ancré dans un territoire rural, plus respectueux de l’environnement (l’avion à hélice consomme moins de carburant) et innovant. « Cette hélice est très importante pour nous, parce que sa production, destinée aux avions militaires, nous permet d’amortir la chute de l’aéronautique civile sans licencier », explique le président Jean-François Chanut.

Eclairage solaire et pâté Hénaff

Quelques minutes plus tôt, un de ses cadres échangeait avec une représentante des pâtés Hénaff, autre produit très français – dans un genre différent, l’industrie est plurielle… Reconnaissons que le pâté Hénaff n’est pas un habitué des lieux, le buffet le confirmera. Pas plus que les verres Duralex, dont le modèle Picardie revient de loin. Derrière ces industriels en pleine discussion, Le Prieuré (Loir-et-Cher) met en valeur sa technologie de récupération d’eau de pluie via des toitures végétalisées.

A quelques mètres, le mât d’éclairage solaire autonome de Sunna Design (Blanquefort, Gironde), s’apprête à s’allumer dès que le soleil se couchera sur les arbres centenaires de l’Elysée. Prévu pour les pays émergents ou les zones non électrifiées, ce mât équipé de panneaux photovoltaïques, dont l’énergie est immédiatement utilisée pour allumer des ampoules led, a trouvé un marché imprévu auprès des collectivités et industriels à la recherche d’une énergie propre et peu coûteuse. « Pour nos clients, savoir qu’on a été exposé à l’Elysée sera un gage de sérieux, c’est un très bon coup de pouce », commente le représentant de Sunna Design.

Fleurs et serviettes en papier

Les buffets dispersés sur les perrons resplendissent d’incroyables et somptueux bouquets de fleurs. La plate-forme numérique Fleurs d’ici (Le Mans, Sarthe) soutient les horticulteurs locaux, alors qu’en France, 9 fleurs vendues sur 10 proviennent de l’étranger, rappellera Emmanuel Macron. Les industriels admirent et notent le nom. Le made in France – pardon, le Fabriqué en France – fait boule de neige, multiplie les émules, devient sujet de militantisme. Sur les tables du buffet, une trancheuse à charcuterie italienne fait tâche. Une idée pour l’industrie française ?

Céline Bourdin et son mari, repreneurs de la papeterie Le Bourray, aimeraient glisser à Brigitte Macron leurs serviettes de table en papier estampillées à l’effigie de la première dame… La sécurité s’en mêle. Pas si simple de donner un objet au couple présidentiel. Reprise il y a deux ans par le couple alors qu’elle était en difficultés, la papeterie Le Bourray expose des serviettes bleu, blanc, rouge – elle est une des rares, en France, à savoir produire des serviettes en papier de couleur – mais aussi des serviettes couleur kraft, issues de papiers recyclés. Les produits sélectionnés devaient tous avoir une composante environnementale.

Baby foot inclusif et foot sans la France

Samuel Deschaumes, président de Centre bois massif, s’enthousiasme en apprenant que son parquet en chêne, du bois français garanti à 100% PEFC, posé sur un chevalet comme une peinture, est exposé dans le salon Murat, où se tient habituellement le conseil des ministres. Dans la salle des fêtes, collants de compression et lingerie féminine voisinent avec un miroir de télescope et un baby foot inclusif – les figurines sont des femmes, aux peaux diversement colorées.

Bob le mini lave-vaisselle rappelle que fabriquer en France n’est pas un long fleuve tranquille, quand la cloche à pain en céramique d’Emile Henry évoque l’enthousiasme des Français, pendant le premier confinement, pour la fabrication de pain maison. A l’entrée de l’exposition, hommage est rendu aux industriels du textile qui se sont mobilisés pour fabriquer des masques en tissu.

Vide, esseulé au fond du jardin, le banc de touche VIP de Métalu-Plast rappelle douloureusement que ce vendredi soir, c’est la France qui aurait pu jouer le match contre l’Espagne à 18 heures… En attendant le discours du Président, trois heures plus tard, certains suivent en douce Belgique-Italie sur leur smartphone. Le « Fabriqué en France » ne peut pas gagner à tous les coups…

Cécile Maillard– L’Usine Nouvelle 03 Juillet 2021