Aurore Moncet est presque tombée dans la mécanique quand elle était toute petite. Il est vrai que son père, Jean-Claude Moran, a longtemps été le patron d’une entreprise de mécanique de précision d’abord installée à Viviez, à la fin des années quatre-vingt, puis à Livinhac-le-Haut, à partir de 1998. Une entreprise et des ateliers familiaux qu’Aurore connaissait donc plutôt bien. Car, même si la famille vivait à Espalion, on faisait de temps à autre le déplacement jusqu’au Bassin decazevillois pour voir d’un peu plus près les activités de Jean-Claude. Pour autant, Aurore n’avait jamais envisagé que cet environnement puisse devenir un jour sa voie professionnelle. La jeune fille avait plutôt choisi l’école de gestion et de commerce de Rodez dans l’idée de préparer un diplôme ouvrant sur ce secteur d’activité.

Aux commandes en 2005

Mais la vie a fait qu’en 2001 se présenta l’opportunité d’intégrer l’entreprise de son père. Sans hésiter, Aurore franchit le cap et devint assistante de direction dans la société de son père. Se prenant au jeu, elle enchaîna en suivant une école de management et, en 2005, avec Didier Moncet, son époux, Aurore reprit officiellement le relais paternel. Elle devint gérante des Établissements Moran, mécanique de précision. Depuis, Aurore Moncet a trouvé sa place dans l’univers de la mécanique. Un univers que l’on pourrait croire par défaut assez macho, les dames chefs d’entreprise se comptant sur les doigts de quelques mains. Eh bien non. Aurore est même surprise si on lui pose la question. «Macho le monde de la mécanique ? Franchement, non. Je n’ai jamais rencontré le moindre problème avec mes collègues masculins simplement parce que j’étais une femme. Je n’ai jamais senti qu’on me regardait différemment parce que j’étais une femme. Non, vraiment.» Comme quoi, les a priori ont parfois le raccourci facile. Des filles un peu partout Chez Moran, les filles ne sont pas installées qu’au poste de gérant. On en retrouve ainsi Nadège, assistante de direction, et Sandra, opératrice sur commande numérique. Un poste de travail qu’Aurore n’a jamais vraiment expérimenté, même si : «J’ai acquis des connaissances techniques sur l’usinage, les machines outils… J’ai pratiqué pour maîtriser encore mieux. Mais à ce jour, j’ai suffisamment de travail dans la gestion quotidienne de l’entreprise, au niveau administratif, comptable, commercial et logistique.» Le tout est qu’avec une femme aux commandes, l’entreprise Moran tient la route et son développement vient même de prendre un nouvel envol. Voilà à peine quelques mois, la société livinhacoise a racheté deux entités industrielles decazevilloises : STIBH, installée sur la zone des Prades, et Métal Façon, sur la zone du Centre. La première travaillait dans la chaudronnerie, la seconde, placée en liquidation judiciaire, dans le découpage, le pliage et l’emboutissage de pièces mécaniques. L’activité de STIBH a été déplacée dans les ateliers de Métal Façon afin de créer un nouveau pôle de chaudronnerie. De la sorte, les Établissements Moran se déclinent désormais sur deux niveaux d’activité : la mécanique de précision à Livinhac, sous la responsabilité d’Aurore, et la chaudronnerie à Decazeville, sous la responsabilité de son mari, Didier. Au total, 17 personnes sont actuellement salariées de la société à deux têtes, sachant que quelques embauches sont à l’étude, notamment des opérateurs sur commandes numériques. Développement réfléchi «Nous travaillons dans un secteur où la remise en cause est toujours permanente, explique plus largement Aurore. Ces derniers temps, nous avons ainsi beaucoup investi dans l’outil de production, avec des machines-outils de dernière génération. Et avec le rachat de STIBH et de Métal Façon, nous avons franchi une nouvelle étape dans notre démarche de développement, une démarche qui se veut réfléchie et maîtrisée.» Identifiés dans la Mecanic Vallée, les Établissements Moran travaillent pour l’aéronautique, les constructeurs de machines outils, la pétrochimie, la mécanique industrielle ou l’agroalimentaire. Si le marché est fluctuant, le carnet de commandes reste bien rempli et la réputation de la société solidement établie. Et le fait que le patron soit une femme ne pose visiblement aucun inconvénient. Ce serait peut-être même un avantage…

Source : François Cayla – www.ladepeche.fr – Publié le Une femme dans l’univers de la mécanique