Quel point commun y a-t-il entre le barrage de Guerlédan en Bretagne et l’économie corrézienne ? Des conduites forcées du premier ont permis de faire tourner la seconde. En effet, la Sirmet, associée à deux autres entreprises, a reçu sur son site de Brive, ces conduites gigantesques pour les dépolluer, les décaper et revendre le métal. Le 16 avril, les badauds perchés à 45 mètres de hauteur sur le barrage de Guerlédan, un ouvrage d’art situé entre le Morbihan et les Côtes-d’Armor, ont assisté à un spectacle de haut vol. Une conduite forcée, scindée en quatre morceaux, est évacuée à l’aide d’un hélicoptère Super Puma. Et les chiffres donnent un peu le vertige : 68 mètres de conduites à évacuer, 2,30 mètres de diamètre, plus de 50 tonnes de métal. Nettoyées et recyclées à Brive« Quel rapport avec la Corrèze ? », me direz-vous. Eh bien, ces quatre morceaux de conduites forcées datant des années 1930, ont pris – par camion cette fois – la direction de Brive pour être nettoyés et recyclés. C’est sur un des trois sites de l’entreprise Sirmet, situé à l’ouest de la cité gaillarde, qu’ils ont fait escale.
Depuis 2012, un groupement de trois entreprises, dont la Sirmet, travaille pour EDF afin de dépolluer et de valoriser la ferraille issue de ses installations hydroélectriques notamment. JB Benedetti, basée à Passy (Haute-Savoie), se charge du suivi technique, administratif et logistique. C’est l’interlocuteur unique d’EDF. MTS, dont le siège est à Sancé (Saône-et-Loire), mais qui utilise une unité de désamiantage sur le site de la Sirmet, à Brive, se charge des opérations de décapage.
« Les salariés de MTS font un travail très physique, décrit David Fabien, responsable commercial chez Sirmet. Pour le décapage, ils utilisent des nettoyeurs haute pression à 1.700 bars alors que ceux que l’on trouve dans le commerce montent à 100-150 bars. Il y a beaucoup de recul. L’eau utilisée est ensuite filtrée et purifiée de ses matières en suspension. »
« La ferraille est recyclable à volonté »
Pour finir, l’entreprise de Brive conditionne le métal traité pour en faire une matière première secondaire et la vendre. « La ferraille est recyclable à volonté. Les aciéries sont nos principales clientes. Nous vendons à une entreprise située à Boucau au Pays basque français ou encore à ArcelorMittal… Toutefois, il a fallu se diversifier et nous avons débuté le grand export. Notre premier bateau est parti en octobre dernier. Nous avons livré la Turquie qui est un gros consommateur, le Portugal ou encore en Belgique.
Les anciennes conduites forcées du barrage de Guerlédan n’ont ainsi pas fini de voyager. Et le métal non ferreux qui les constituait trouvera facilement preneur.
« Sur ce marché, en ce moment, il est plus facile de vendre que d’acheter. »
Les conduites d’eau de Paris et les pontons de Toulon
La Sirmet reçoit également les conduites d’eau potable de la ville de Paris depuis 2013, pour les décaper et les recycler. « Ce sont des conduites en fonte qui peuvent mesurer jusqu’à 1,50 mètre de diamètre. Elles sont remplacées, car anciennes et peuvent aussi contenir des matériaux tel que le brai de houille cancérigène et mutagène. Ce marché représente pas loin de 3.000 tonnes », ajoute David Fabien.
Le site briviste a aussi reçu en 2018 des pontons en métal, servant de quais artificiels sur la base navale de Toulon. « Ils étaient en très mauvais état. Certains coulaient. Il a fallu les sortir de l’eau, les découper et les transporter jusqu’à Brive. »
Des chantiers impressionnants tout comme ceux dédiés au démontage de parcs éoliens ou encore de transformateurs de puissance au cœur de centrales nucléaires. « Des chantiers qui nous ont permis de progresser et de monter en compétence. »
Emilie Auffret – La Montagne – le 05/05/2021