C’est une pépite cantalienne, un fleuron du tissu économique du département. Dans le petit village de Puycapel, sur son site de Châtaigneraie, Interlab va investir six millions d’euros pour s’agrandir, avec la volonté de créer une cinquantaine d’emplois sous huit ans.

Dans le creux d’un vallon, avec la petite église de Mourjou, sur la commune de Puycapel, à l’horizon, le site cantalien d’Interlab sait se montrer discret, pas ostentatoire pour un sou. Pourtant, depuis 1994, l’entreprise développe ici des machines capables de détecter, observer, compter des bactéries, indispensables notamment pour l’industrie agroalimentaire, mais aussi pour l’industrie pharmaceutique et les cosmétiques : c’est ce qui permet de garantir que le produit est consommable sans danger.

Une « pépite »  au fond d’un vallon du Cantal

Une « niche », reconnaît bien volontiers Emmanuel Jalenques, co-PDG avec son frère, Jules Jalenques, d’une entreprise fondée par leur père, François Jalenques, en 1979. 130 personnes travaillent à Interlab, dont la moitié dans le Cantal et le reste entre Boston, Francfort, Paris, Shangaï et Singapour.

Et c’est le Cantal, siège de la recherche et du développement, qui va être renforcé. Deux bâtiments, pour une surface supplémentaire de 3.000 m², vont arriver derrière l’existant et tout le terrassement sera réalisé de manière à pouvoir, dans le futur, en accueillir deux de plus. Un nouveau bassin – il y en a déjà deux – sera créé et le tout ressemblera furieusement à un campus à l’américaine, verdoyant, accueillant, pour attirer des ingénieurs. « C’est l’ambition, sourit Emmanuel Jalenques, même si c’est un peu grandiloquent. »

Objectif ? « Ce n’est pas une promesse, mais nous comptons créer une cinquantaine d’emplois d’ici huit ans, continue-t-il. Après, cela dépendra du business… »

Prix du projet : quatre millions pour les bâtiments, deux millions pour le matériel qui ira à l’intérieur avec, à terme, une augmentation de la taille des bureaux d’étude et une très forte augmentation de la capacité de production de la ScanStation, dernière grande innovation made in Cantal du groupe.

Le tout premier robot made in Cantal détecte et compte des colonies de bactéries

Pourtant, ce site de Mourjou, dans le berceau de cette famille cantalienne, « ce n’est pas forcément l’endroit le plus facile pour une extension, estime Emmanuel Jalenques. Ce n’est pas très plat, ce n’est pas une zone industrielle et il faut énormément d’autorisations. Mais on sent vraiment une aide de la part des élus locaux. »

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Cependant, le chiffre d’affaires a augmenté de 14 %, boosté par un bon dernier trimestre. « Nous sommes dans un secteur d’activité relativement peu touché par la crise du Covid-19, décrit Emmanuel Jalenques. C’est aussi dû à un savoir-faire que nous vendons dans des régions du monde où la crise économique a été moins forte. »

Alors pas question de retarder cet investissement car il faut voir plus loin :

« C’est notre onzième année consécutive avec une croissance à deux chiffres, continue-t-il. Il faut que l’on anticipe. »

Si Interlab a bien traversé la crise sanitaire, l’entreprise a profité du plan France Relance de l’État, présenté en septembre, par le Premier ministre Jean Castex. Sur les 100 milliards d’euros promis au niveau national, 800.000 euros vont venir permettre d’acheter une partie de l’équipement de production. Concrètement, « on comptait réaliser le bâtiment et acheter le matériel ensuite, nous allons pouvoir faire l’inverse, plaisantait Emmanuel Jalenques, face au préfet Serge Castel et au sous-préfet à la relance Cécilia Mourgues, venus visiter l’usine. Le plan de relance vient agir comme un accélérateur ».

Et de continuer, une fois la présentation officielle terminée : « On est contents d’investir plus vite, mais même sans l’aide, nous aurions pu le faire. Cela nous permet de dégager de la marge de manœuvre et d’investir plus en recherche et développement. »

Et ça, c’est tout le Cantal qui pourrait, à terme, en profiter…

                                                                                                                        Pierre Chambaud – le 11/02/2021 – La Montagne Entreprendre