Basée dans le Cantal, l’entreprise Matière est spécialisée dans la construction de ponts et de structures métalliques.  © L. Ribes / FTV

Dans le Cantal, l’entreprise Matière a su bâtir en 3 générations une véritable saga industrielle. Située près d’Aurillac, elle est spécialisée dans la construction de ponts et de structures métalliques.

Basée à Arpajon-sur-Cère, près d’Aurillac, dans le Cantal, l’entreprise Matière est née en 1932. Tout comme Marcel Matière. A bientôt 89 ans, il se souvient parfaitement du jour où son père Louis, déçu par ses résultats scolaires, le jette, simple ouvrier, sur un chantier de canalisations d’eau. Il a alors 17 ans. Le président du Conseil de Surveillance, raconte : « Il y avait 6 ou 7 personnes sur le chantier. J’ai fait ce que j’ai pu. Un des postes les moins pénibles du chantier consistait à souder des petits tuyaux. Mon premier brevet a été celui de soudeur, c’est le seul que j’ai eu. Voilà comment j’ai commencé ».

On nous disait que ça ne marcherait jamais

Avec Marcel Matière, l’entreprise se lance dans la pose de gazoducs et de pipelines. En 1967, 1 000 salariés travaillent pour lui. Une nouvelle aventure commence, celle des ponts en béton armé préfabriqués. Marcel Matière se souvient : « Au départ, il y avait de l’hostilité. On nous disait que ça ne marcherait jamais, que ça ne pouvait pas tenir ». Alors son fils Philippe a une idée. Le directeur général explique : « On faisait des petites cassettes vidéo. J’ai fait un certain nombre de dizaines de fois le tour de France avec ça sur les épaules, afin de montrer notre savoir-faire ».

Un virage vers les ponts métalliques

Aujourd’hui, l’entreprise Matière vend ses ponts partout dans le monde. Mais le métal a pris le pas sur le béton. L’usine historique de Souleyrie a dû changer de visage, en quelques mois. Philippe Matière indique : « Il y a 6 mois, les gens ne savaient pas ce qu’était un pont métallique ». Comme dans les 3 autres usines françaises de l’entreprise, Souleyrie fabrique désormais des ponts Unibridge. Ces caissons reliés entre eux sont faciles à transporter et à installer. Matière en a déjà construit dans plus de 20 pays dans le monde. Philippe Matière souligne : « Il y en a quelques centaines. Sur les Philippines, il y en a plus de 350 et c’est là qu’on en a fabriqués le plus. Il y en a des très longs aux Philippines et en Indonésie. Le record est aux Philippines avec un pont de 4,4 km : il s’agit d’une rocade en élévation au-dessus d’une rivière, qui est la première tranche du périphérique de Manille. On vient d’avoir la commande pour la deuxième tranche ».

Un retour aux sources

Les carnets de commande sont pleins pour les 2 années à venir. Aux quatre coins du monde, toujours entre 2 avions, Philippe Matière n’est pourtant chez lui qu’ici, dans le Cantal, auprès de ses 300 vaches salers et d’Hector, champion au dernier Salon de l’agriculture à Paris. Il indique : « C’est une distraction extraordinaire et c’est aussi une passion. C’est plus une passion qu’une fierté. Si quelqu’un doit être fier, c’est Marcel, et pas moi. On ne partirait d’ici pour rien au monde. Ca ne se discute pas ». Fleuron de l’industrie cantalienne, Matière pèse aujourd’hui 180 millions d’euros de chiffres d’affaires. L’entreprise emploie 800 personnes dans le monde dont 250 dans le Cantal.

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