En mettant au point un moteur électrique dont le rotor ne chauffe plus et qui présente un rendement global de quelque 97 %, Whylot a réalisé une prouesse.
«Notre petite entreprise est maintenant en position de force et cela semble complètement surréaliste». Romain Ravaud et son équipe de chercheurs de Whylot annoncent une découverte technologique d’exception. Depuis le site de l’entreprise de recherche et développement, à Quercypôle, le fondateur de Whylot nous a accordé une interview, le 21 décembre, juste avant de recevoir le préfet du Lot.
En compagnie de Robert Vitrat et Robert Gaiani, associés au projet Whylot et ex-dirigeants de Ratier, Jérôme Filippini et la sous-préfète de l’arrondissement Nadine Chaïb ont ainsi pu découvrir l’activité de la start-up et ses champs d’innovation. Rencontre avec Romain Ravaud.
En quoi l’année 2017 marque-t-elle un tournant dans la stratégie de Whylot ?
C’est l’année des prouesses. Car depuis 2011, Whylot vivait tranquillement de son ingénierie recherche et développement, de ses brevets… On avait élaboré un moteur plus compact plus léger, avec une technologie intéressante. Mais comme tout moteur il chauffait, ce qui contribuait à des pertes de rendement. On a travaillé sur cet aspect, avec audace, avec folie, loin des choses conventionnelles parfois, et on a réussi. On a mis le doigt sur une pépite.
Quelle est cette découverte ?
Nous avons mis au point un moteur électrique dont le rotor ne chauffe plus et qui présente un rendement global de 97-98 %. Le 5 septembre dernier, un cabinet d’audit a contrôlé nos étalonnages, nos mesures et calculs sur le banc d’essai pour valider la pertinence de nos résultats. Cette date marque un tournant dans la stratégie de Whylot. Nous avons déposé dix nouveaux brevets rien qu’en 2017, ce qui porte à un total de 35 brevets. En ratio par salariés, on doit être les seuls à avoir autant de brevets. Car nous ne sommes qu’une équipe de seize personnes.
À quoi peut s’appliquer cette découverte ?
À beaucoup de secteurs, le domaine de l’embarqué, des marchés automobiles, ferroviaires, maritimes et aéronautiques. Là où les moteurs sont très petits cela ne nous intéresse pas, notre activité est plutôt tournée vers les moteurs de véhicules, par exemple.
Comment imaginez-vous l’avenir de Whylot ?
C’est compliqué car en trois mois il s’est passé autant de choses qu’en six ans. Une dizaine d’investisseurs frappent à la porte. Il faut qu’on opère un choix stratégique qui soit gagnant-gagnant. À nous de tisser un projet structurant, car on ne peut pas partir dans toutes les directions. Des fabricants de moteurs d’Europe, Asie et Amérique s’intéressent à notre découverte. Il faut faire les bons choix : on ne veut pas voir partir notre technologie.
Quelle est votre volonté personnelle ?
De rester à Quercypôle, de poursuivre notre activité de recherche et développement, et pourquoi pas de répondre à une production de petite et moyenne séries ici, et de laisser les grandes séries se faire ailleurs. On se décidera au premier trimestre 2018, une page se tournera pour Whylot.
Est-ce que ce sera pénalisant d’être à Figeac ?
Sincèrement non, mais ce qui est amusant c’est que les gens qui viennent à Whylot se demandent comment on a pu faire ça ici, et découvrir ça dans le Lot. On est une vraie curiosité.
Pour ce qui est de la sécurité industrielle, on a des pare-feu informatiques qui bloquent plus de cent attaques par an. Cela fait partie de notre stratégie. Nous sommes très vigilants aussi sur la protection de nos données et de notre savoir-faire. Car la propriété intellectuelle c’est le cœur de Whylot aujourd’hui. Nos innovations sont particulièrement bien protégées à Figeac, en Europe et dans le reste du monde.