Les secteurs industriels et technologiques manquent de femmes dans leurs effectifs et le font savoir. Pour la première fois en région, le forum Réseaux et carrières au féminin était organisé à Toulouse, sous la houlette de l’association Elles bougent.

“Si on offrait des établis aux petites filles et des dînettes aux petits garçons, on n’en serait peut-être pas là”… Ce constat, c’est une jeune femme qui le fait. Une salariée de Terreal, le groupe de tuillerie-briqueterie qui cherche justement à féminiser ses effectifs et participe pour ce faire au forum Réseaux et carrières au féminin, organisé à Toulouse ce mardi 25 février 2020.

Des équipes mixtes plus performantes

Comme 26 autres entreprises industrielles et technologiques, Terreal s’est mise à disposition des étudiantes et des jeunes diplômées, sur le campus de l’université Paul-Sabatier. Au programme, des conférences, des ateliers, des sessions de coaching autour du CV, le tout avec un seul objectif : faire découvrir des métiers “un peu” techniques et casser les stéréotypes qui empêchent les femmes de s’y intéresser.

“Les entreprises sont demandeuses”, explique Nathalie Dousset, la déléguée régionale de l’association Elles bougent qui cherche à susciter des vocations féminines pour les métiers d’ingénieurs dans l’aéronautique, le spatial. “Les équipes mixtes, on le sait, sont plus performantes. Mais les secteurs du BTP, de l’aéronautique, de l’informatique manquent de femmes“.

Les filles de la Marine

La Marine marchande, qui tient un stand dans le forum, confirme : “La Marine a du mal à trouver des femmes car elle compte de nombreux métiers techniques“, explique Clarisse, engagée il y a 17 ans comme contrôleur aérien. “Pourtant, aucun métier n’est fermé aux femmes, pas même ceux des sous-marins. Il n’y a que 14 % de femmes dans la Marine. C’est trop faible, il faudrait qu’on double ce pourcentage“.
Un appel du pied à destination des femmes qui est on ne peut plus clair, d’autant que la Marine renouvelle 10 % de ses effectifs chaque année, soit 3 700 postes recrutés en 2019. Et autant attendus cette année.Un problème déjà dans les filières
Sur son stand, Terreal propose des offres de stage. Deux salariées, Nathalie Arnaudie et Catherine Cellier, sont venues promouvoir les métiers de l’industrie auprès des étudiantes. “On souhaite accéder à une égalité salariale. On est dans une industrie masculine mais on fait tout pour changer les choses. Les horaires décalés, le port de charges lourdes peuvent faire peur mais c’est toujours mieux qu’il y ait des femmes ET des hommes. Le problème, c’est qu’on a du mal à recruter car dans les filières techniques, les femmes sont déjà très peu nombreuses“.

Les mains dans le cambouis

Maryne, Adeline et Mathilde, assises au stand voisin, peuvent en témoigner. Toutes trois travaillent chez Lisi, une entreprise aveyronnaise spécialisée dans les fixations pour l’aéronautique. L’une est responsable maintenance, la deuxième responsable de la qualité fournisseur, la dernière responsable en production de traitement de surface.
Les trois jeunes femmes étaient minoritaires dans leurs formations. “Il y a un problème de présentation des filières. On met des freins aux filles, on leur fait peur. C’est un problème d’image : on s’imagine mal une femme les mains dans le cambouis“.
Leur entreprise souhaite féminiser son effectif, actuellement composé d’un tiers de femmes seulement. Or, “on s’aperçoit avec l’expérience que la femme a toute sa place, que son regard sur la technique est différent et donc enrichissant“.

Plus exigeantes envers elles-mêmes

En une journée, plus de 250 jeune femmes ont pu ainsi aller à la rencontre des entreprises et de leurs représentants. C’est la première fois que ce forum Réseaux et carrières au féminin a lieu en région, après 18 éditions à Paris.
Les conseils sur la façon de présenter un CV n’ont pas été inutiles pour Emma. Celle-ci s’est rendue compte qu’elle n’a pas à rougir de son cursus et de son expérience. Pourtant, elle hésite à postuler quand elle a l’impression qu’elle ne possède pas toutes les qualités requises. Erreur, car aucun candidat ou presque ne les possède. Il faut toujours tenter sa chance, a compris Emma. Les hommes, eux, ont beaucoup moins de scrupules, semble-t-il. “Les femmes sont peut-être trop exigeantes envers elle-mêmes. Il y a sans doute un problème de confiance en soi…

 

Source : France3 Occitanie – Par Marie Martin – Publié le 26/02/2020 à 07:33 – Toulouse : quand les industriels recherchent les compétences des femmes