Après avoir plutôt bien résisté à la crise qui a profondément secoué le secteur de l’aéronautique, l’entreprise Ratier-Figeac a connu une belle reprise de son activité, en particulier grâce à son savoir-faire dans la production d’hélices mais aussi dans la fabrication d’équipements de cockpit. « Pendant la crise, on a pu bénéficier d’une bonne activité de l’aviation militaire. Elle reste très forte et cela sera d’actualité pour au moins deux ans » souligne le PDG de Ratier-Figeac, Jean-François Chanut. Il y a quelques jours, le groupe Collins Aerospace dont fait partie Ratier a annoncé la conclusion d’un nouveau contrat avec l’armée de l’air chilienne pour équiper les avions militaires C130 d’hélices NP 2000. Une bonne nouvelle pour l’usine figeacoise déjà bien occupée avec l’A400M. « On continue de livrer les hélices pour l’US Air Force, et ce pendant deux ans. En parallèle on démarche d’autres opérateurs de C130. Le Chili devient le premier client international non américain qui a décidé de rétrofiter sa flotte avec les hélices NP 2000, ce qui est très intéressant pour nous. Cela ouvre des perspectives avec d’autres pays d’Amérique du Sud, d’Europe et de tout le pourtour méditerranéen qui pourraient suivre ».

Une forte activité mais un contexte très difficile

L’embellie est notable aussi pour l’activité civile. Ratier suit la hausse des cadences d’ATR ou encore d’Airbus qui retrouvent des niveaux équivalents à l’avant-Covid. « Depuis le début de l’année, on voit une forte remontée en particulier de l’activité hélices, confirme Jean-François Chanut. L’activité des rechanges est également importante même si elle est temporaire : beaucoup de compagnies aériennes remettent en service des avions. Il y a une forte demande ». Depuis le mois de septembre, Ratier a par ailleurs qualifié son usine implantée au Maroc pour y réaliser des mises à jour d’équipement et des réparations. « Cela vient compléter l’activité qu’on a à Figeac », explique le PDG qui mise aussi « sur de très bonnes perspectives en Asie. Nous nous préparons à avoir un centre logistique, probablement en Malaisie, afin d’assurer une réponse rapide directement aux constructeurs d’avions et opérateurs ». Atout notable : l’évolution du taux de change plus que favorable pour Ratier. « Cela dope nos ventes et on estime que cette année on devrait être, en termes de ventes, au même niveau qu’en 2019 » se réjouit Jean-François Chanut qui cite de nombreux projets sur lesquels planche actuellement l’entreprise. Malgré tout le pilote de Ratier se veut pragmatique. Car Ratier n’échappe pas au contexte général de problèmes d’approvisionnement et de flambée des coûts de l’énergie. « On ne sait pas si la forte activité que l’on a vue depuis un an va continuer. Notre principe est d’être optimiste et prudent. Le contexte est extrêmement difficile comme pour tout le monde dans l’industrie : ça se traduit par des cycles de livraison beaucoup plus longs qu’avant ». Pour tenir le choc, l’entreprise a déjà embauché 200 personnes cette année et mis en place des heures supplémentaires pour rattraper le retard. Et préserver au mieux sa belle ascension.

Plus de 200 embauches réalisées en un an

Dans le contexte d’inflation et de hausse des prix, trois semaines de grève avaient marqué le début de l’été à Ratier-Figeac. Des efforts avaient été consentis en particulier pour réévaluer les plus bas salaires. « Le climat est plus apaisé. L’ensemble du personnel est conscient de l’impact négatif d’un arrêt de travail sur l’activité, les clients et les fournisseurs. On a parfaitement conscience qu’il y a un contexte difficile et on s’efforce de maintenir une forte activité dans le bassin. On est au cœur de la Mecanic Vallée et d’un territoire d’industrie. On tient à maintenir cette activité forte et d’être dans le peloton de tête en termes d’emploi et de conditions de travail» indique Jean-François Chanut qui défend «une politique de rémunération responsable». Les discussions avec les partenaires sociaux vont d’ailleurs reprendre dans quelques jours au sein de l’entreprise avec l’ouverture des négociations salariales annuelles (NAO).
Pour accompagner la hausse de l’activité de ces derniers mois, Ratier-Figeac a été obligé de muscler ses effectifs et de recruter pour tenir la cadence. En un an, l’entreprise a embauché pas moins de 200 nouveaux salariés, principalement des intérimaires et des CDD qui ont intégré les différents ateliers de production. Le site emblématique de Figeac a pu compter sur son attractivité pour attirer les candidats qui font défaut un peu partout ailleurs. «On a connu des difficultés et surtout une tension au printemps au niveau du recrutement mais peut-être un peu moins que d’autres entreprises. C’est difficile pour tout le monde et on voit une accumulation des difficultés. Il faut faire preuve de résilience et continuer à travailler sur le développement du territoire. On a à cœur d’être responsable et de tenir notre rang. Il faut remercier l’ensemble des équipes de Collins qui font un travail remarquable pour s’adapter à toutes ces difficultés».
Ratier-Figeac emploie plus de 1400 personnes aujourd’hui et prévoit d’ores et déjà d’autres embauches.

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Audrey Lecomte – La Dépêche – Le 04/11/2022