Inauguration de l’usine du futur de Figeac Aéro : «Il n’y a pas de grande économie sans grande industrie»

Inauguration de l’usine du futur de Figeac Aéro : «Il n’y a pas de grande économie sans grande industrie»

La secrétaire d’Etat, Agnès Pannie-Runacher a profité de l’inauguration, hier, de l’Usine du futur de Figeac Aéro pour réaffirmer la politique ambitieuse de reconquête industrielle du gouvernement. À travers notamment les Territoires d’industrie.

La formidable histoire de Figeac Aéro a débuté il y a tout juste de cela trente ans. Son créateur, Jean-Claude Maillard, un visionnaire, s’est lancé avec 120 000 francs de l’époque en poche. Avec beaucoup d’envie et de volonté, il a réussi son pari et se retrouve, aujourd’hui, à la tête d’un groupe, Figeac Aéro, qui pèse 425 M€ de chiffre d’affaires et quelque 4 000 salariés, répartis à travers le monde, dont plus d’un millier sur le site historique de la zone de l’Aiguille.

Leader européen

Ce jeudi, lors de l’inauguration de l’Usine du futur de Figeac Aéro (un investissement de 40 M€), la secrétaire d’Etat, Agnès Pannier-Runacher, qui se trouvait récemment à l’usine Bosch et à la Sofop, à Rodez, a salué ce parcours exemplaire, qui a permis à l’industriel lotois de devenir le leader européen de la sous-traitance aéronautique. L’occasion pour la représentante du ministère de l’Economie et des Finances de réaffirmer la politique ambitieuse de reconquête industrielle du gouvernement à travers notamment les Territoires d’industrie. L’occasion aussi pour Agnès Pannier-Runacher, de redire toute l’attention portée par le gouvernement sur le dossier de Bosch et de la filière automobile aveyronnaise (voir par ailleurs), qui organise une grande journée de mobilisation, à Rodez, le 13 avril.

«À l’époque, on n’avait qu’un truc, la volonté, l’envie. L’envie est toujours là et on a pu la transmettre à 4 000 salariés. pendant 30 ans, on a fait des conneries, maintenant on sait faire. On livre bon et à l’heure», a résumé le chef d’entreprise, avec humour et franc-parler, décrivant cette Usine du futur comme «l’atelier le plus moderne au monde» pour les carters de moteurs d’avions d’environ 2 mètres de diamètre. Après dix ans d’apprentissage, Figeac Aéro s’est ainsi progressivement fait une place de choix auprès des avionneurs et du marché du métallique aéronautique, qui représente désormais un volume de 30 milliards de commandes par an. Ce pari, Figeac Aéro l’a réussi grâce notamment à sa collaboration avec Safran. Un partenariat de 20 ans, comme l’a rappelé, le patron du groupe Safran, Olivier Andriès. «Dans l’aéronautique, il faut de la persévérance pour réussir», a-t-il expliqué, précisant que toutes les deux secondes, un avion décolle dans le monde avec l’un des moteurs du groupe Safran. «Ce succès on le doit aussi à nos partenaires.» Depuis le lancement de son moteur Leap, Safran a enregistré 17 000 commandes.

Intelligence collective

D’ici 2020, l’équipementier français, qui a investi 1 milliard d’euros, devra livrer 2 000 moteurs chaque année. Un record et une montée en cadence inédite. «Le programme Leap irrigue tout le territoire français. Les deux tiers de la valeur du moteur, ce sont des fournisseurs. Cela démontre qu’en France, on peut être compétitifs», a insisté le patron de Safran.

Pour le vice-président du conseil régional, Vincent Labarthe, la trajectoire gagnante de Figeac Aéro illustre «l’intelligence collective» et la relation que la métropole régionale peut entretenir avec les autres territoires, à travers, par exemple, la Mecanic Vallée. «Il faut savoir dépasser la verticalité et le cloisonnement.» La députée lotoise, Huguette Tiegna, parlera d’une «ruralité performante et conquérante.»

Pour Agnès Pannier-Runacher, la ténacité de Jean-Claude Maillard illustre donc la politique de reconquête industrielle voulue et soutenue par le gouvernement. La meilleure solution pour répondre à la fois à la «fracture territoriale» et au «défi de notre souveraineté technologique.» Cette politique industrielle, Agnès Pannier-Runacher la résume en quatre mots : compétitivité, formation (50 000 emplois industriels ne sont pas pourvus), innovation (la France est en retard dans ce domaine avec seulement 19 robots pour 1 000 salariés contre 34 en Allemagne) et collectif. Une approche collective que l’on doit retrouver à travers notamment les Territoires d’industrie, comme celui qui s’étend de Figeac à Rodez, en passant par Decazeville et Villefranche-de-Rouergue.

Un territoire où les projets industriels ne manquent pas. À commencer, évidemment, par ceux de Figeac Aéro qui prévoit une nouvelle extension de 10 000 m2 pour intégrer le traitement de surface. On n’arrête plus Jean-Claude Maillard.


Bosch : A. Pannier-Runacher va défendre le dossier à Hanovre

Nous avons interrogé Agnès Pannier-Runacher sur l’évolution du dossier Bosch, depuis la rencontre de Stuttgart avec les dirigeants du géant allemand. Un dossier aveyronnais qu’elle va défendre, ces prochains jours à Hanovre, ainsi qu’elle nous l’a annoncé en exclusivité. «Bruno Le Maire et moi-même avons lancé une mission d’expertise sur les émissions des dernières motorisations diesel. Les grands constructeurs et les sous-traitants nous expliquent qu’ils ont des performances égales ou meilleures que celles des moteurs essence. Il faut le vérifier et ajuster notre réglementation. L’État doit fixer des normes et avoir une neutralité technologique. La semaine prochaine, je serai à Hanovre pour rencontrer des responsables de Bosch et continuer à leur passer des bons messages de l’État pour accompagner la transformation de l’usine de Rodez. Ce sera gagnant-gagnant de travailler avec nous, car on saura trouver des dispositifs pour accompagner l’usine. On veut que l’activité se développe. Par ailleurs, j’ai demandé à BPI de valider Bosch comme étant un site qui peut mener des diagnostics de transformation numérique des PME et des ETI. L’État mobilise 500 M€ et il nous semble que Bosch a la capacité de faire ces diagnostics. C’est l’une des pistes de diversification.»

«Être multisecteur»

S’agissant d’une possible ouverture de l’activité industrielle de l’usine Bosch de Rodez en direction du marché aéronautique (des ingénieurs d’Airbus ont récemment visité le site de Cantaranne), la secrétaire d’État nous a précisé : «Bosch a toutes les capacités pour répondre à ce type de marché mais le processus est long. C’est plus une question de temps et de choix d’investissement que de capacité technologique de l’usine Bosch de Rodez, vu le niveau de son savoir-faire.»

Dans tous les cas, Agnès Pannier-Runacher est intimement convaincue qu’il «faut être multisecteur pour équilibrer les bonnes et les mauvaises nouvelles, lorsqu’un marché se retourne.» Comme c’est actuellement le cas dans l’industrie automobile, avec les terribles conséquences de la crise du diesel pour l’ensemble de la filière.

Source: Propos recueillis par Joël Born – www.ladepeche.fr – Publié le Inauguration de l’usine du futur de Figeac Aéro : «Il n’y a pas de grande économie sans grande industrie»
2019-04-01T11:55:24+02:0001/04/2019|Revue de presse|
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