Dans le Lot, département qui revendique l’authenticité et la qualité de vie, se trouvent des entreprises à la pointe de la technologie. Thiot Ingénierie en est la parfaite illustration.

Cette entreprise qu’a fondée en 1988 Patrick Thiot a fait de la physique des chocs son cœur de métier, se dotant dès 2008 d’un laboratoire de recherche et d’essai de plus de 3000m². Situé à Puybrun, ce laboratoire est unique.
« Le 1er du genre, le seul à être privé dans ce champ d’action », assure Patrick Thiot en dévoilant leurs travaux qui mobilisent une quarantaine de salariés, en majorité des ingénieurs. « Nous analysons ici le niveau de résistance de tous les matériaux (plastique, métal, composite, mousse, etc.), dans des conditions de sollicitations violentes et extrêmement rapides. Pour cela, nous sommes dotés de canons qui couvrent toute une gamme de vitesse et de performance ».

Les canons de laboratoire de Thiot Ingénierie. Photo Thiot Ingénierie

Les canons de laboratoire de Thiot Ingénierie. Photo Thiot Ingénierie

Le chef d’entreprise évoque ainsi quelques-unes de leurs applications pour la défense sur des gilets pare-balles, pour l’aéronautique avec les pare-brise des avions impactés par la grêle ou encore pour l’aérospatiale, lorsque de micro-météorites ou des débris spatiaux viennent frapper un satellite. C’est ainsi qu’ils ont décroché le record du monde de vitesse de lancer de bille (en aluminium de 1 mm) à 37 800 km/h qui avait pour objectif de simuler l’impact d’un débris spatial heurtant une surface.
« Notre rôle est d’étudier ces matériaux en phase amont du projet du client, pour faciliter et accompagner la mise au point de structure ou de sous-ensemble », précise le chef d’entreprise lotois qui, à la fin des années quatre-vingt, encouragé par sa direction au Centre d’études de Gramat dédié à la Défense (devenu aujourd’hui le CEA, rattaché au Commissariat à l’énergie atomique), a décidé de franchir le pas de l’entrepreneuriat.

Patrick Thiot a fondé son entreprise en 1988.

Patrick Thiot a fondé son entreprise en 1988.

Il se retrouve désormais à la tête d’une des sociétés les plus en pointe d’Occitanie. Cette haute technicité sur un marché particulièrement singulier n’a pas préservé Thiot Ingenierie de cette crise sanitaire. Elle nous a frappés bien plus que je l’avais imaginé. La plupart de nos clients en France comme à l’étranger ont suspendu leurs activités et pris de nombreuses précautions. On constate que la recherche et le développement sont à l’arrêt partout mais on espère une reprise à l’automne », poursuit Patrick Thiot.

“Nous avons toutes les chances de rebondir s’il n’y a pas trop d’inertie à la reprise”

Les chocs étant loin d’être une fatalité au sein de cette société, les équipes se sont adaptées. « Nos commerciaux ont diversifié leurs terrains de prospection. Depuis une semaine, 75 % des collaborateurs sont revenus travailler. Historiquement, nous sommes partis de rien, nous avons su nous construire et faire de Thiot Ingenierie quelque chose d’unique. Nous envisagerons peut-être de réorienter un peu nos champs d’action pour redresser la barre. Mais je ne m’en fais pas, nous avons toutes les chances de rebondir s’il n’y a pas trop d’inertie à la reprise ».
En attendant, Thiot Ingénierie a fait honneur à une autre valeur de ce territoire lotois : la solidarité. Grâce à l’initiative de Fabien Plassard, l’un de leurs ingénieurs, l’imprimante 3D de Thiot Ingénierie tourne à plein régime pour fabriquer des visières.

La fabrication de visières de protection pour se protéger du Covid-19.

La fabrication de visières de protection pour se protéger du Covid-19.

« Dès le début avril, avec quelques collègues, ils se sont mis à la tâche. On en a déjà fourni 2500, 500 autres sont prêtes à être livrées ce lundi, et 2 500 sont en commande », détaille le responsable de la société qui offre ces visières à tous : médecins, gendarmes, centre cynophile de Gramat, commerçants de Figeac, etc. « C’est trois fois rien à produire, pas question de les vendre, mais on les réserve aux Lotois, ou au sud de la Corrèze où il y a déjà suffisamment à faire ».
 

Source : Laetitia Bertoni – www.ladepeche.fr – Publié le 15/05/2020 à 16:17 – Dans le Lot : Thiot Ingénierie, une entreprise qui sait résister aux chocs