Deux ingénieurs formés à Limoges se sont lancés sur un marché prometteur : l’impression en trois dimensions dans le domaine médical. Avec ce procédé, leur toute jeune société fabrique des modèles anatomiques et des instruments qui intéressent fortement les chirurgiens orthopédiques.

Comment aider un chirurgien orthopédiste à préparer une opération complexe sur le pied déformé d’un patient ? Grâce à des maquettes plastiques en 3D, personnalisées et fabriquées par la start-up limougeaude Addidream.

La société travaille en effet depuis fin 2017 sur le développement de modèles anatomiques sur-mesure réalisés à partir du scanner de la personne sur laquelle l’intervention va avoir lieu.

Cette technique pré-opératoire basée sur l’impression en trois dimensions, compatible pour tous les os du squelette (épaule, fémur, main, crâne…), a été mise au point par deux jeunes ingénieurs spécialisés dans les matériaux de l’Ensci-Ensil, Clément Muhle et William Allainé.

« Entre la dureté de l’extérieur et l’ajout d’une matière spongieuse de l’intérieur, on a pu reproduire l’aspect et des sensations similaires à l’os réel », explique Clément Muhle. De quoi permettre aux chirurgiens de s’entraîner avant d’agir directement sur le corps humain.

Un support de formation

S’entraîner mais aussi se former. Récemment, un cours a eu lieu à Bordeaux pour une trentaine de chirurgiens orthopédistes venus de toute la France afin qu’ils testent, manipulent le produit – une première pour Addidream – et étudient des situations spécifiques et complexes. À la disposition des médecins, des maquettes de cas pathologiques : pied plat, pied creux, pied bot…

« Généralement, quand on veut s’exercer, cela se fait au laboratoire d’anatomie de la faculté de médecine sur des corps donnés à la science, mais c’est de moins en moins fréquent », témoigne le docteur Christophe Rivière, de la Polyclinique de Limoges, qui a participé à la formation en mai dernier.

« Ces maquettes ont un potentiel intéressant pour comprendre une déformation et aider au diagnostic. Ce serait un apport non négligeable dans nos pratiques. »

Dans ce contexte, Addidream travaille déjà avec un spécialiste du CHU de Limoges.

Des instruments en 3D personnalisés ou réutilisables

Ces modèles anatomiques, Clément Muhle et William Allainé les fabriquent dans leurs locaux situés en zone nord de Limoges. Des locaux dans lesquels ils sont installés depuis un an et qu’ils ont aménagés spécifiquement avec des sas. « On a voulu qu’ils répondent aux normes exigées pour les dispositifs médicaux », poursuit Clément Muhle, indiquant avoir décroché la certification ISO 13485.

Y est en effet imprimé un autre type de produits : des instruments chirurgicaux, en plastique (à usage unique et personnalisés) ou en métal (réutilisables), destinés aux industriels de l’orthopédie et de la traumatologie, qui fournissent les kits d’intervention aux établissements de santé.


Victor André (à gauche) a été recruté en novembre 2018 par Clément Muhle et William Allainé

Pour les outils métalliques, « le poids et l’encombrement ont été optimisés ». Quant aux ancillaires plastiques, leur ergonomie adaptée à une demande sur-mesure permet de guider le geste du chirurgien avec précision quand il souhaite positionner une prothèse ou un implant. Dans les deux cas, la technique utilisée permet de répondre dans des délais rapides aux commandes.

Un an après leur installation, Addidream, dont 49 % du capital sont détenus par la société limougeaude d’implants céramiques I-Ceram, poursuit son développement sur le marché français.

Depuis novembre, le duo des créateurs a d’ailleurs recruté un autre ingénieur. La formation à Bordeaux, où la start-up a présenté ses maquettes, n’est que le début d’une conquête.

Notre article de mai 2018 sur les débuts de la start-up

 

Source : Hélène Pommier – www.lepopulaire.fr – Publié le 03/07/2019 à 13h12 – Addidream, start-up de Limoges, met l’impression 3D au service de la chirurgie