Hier, le tribunal de commerce de Paris a validé l’offre de reprise de SAM Technologies par le groupe chinois Jinjiang. Le premier employeur du Bassin devient «Jinjiang SAM», au grand soulagement de tous.
«Une reprise inespérée», «nous sommes heureux et fiers», «tout le monde est soulagé».
Les sourires étaient loin d’être fictifs ou forcés, hier, au local de la CGT SAM où Ghislaine Gistau (secrétaire CGT SAM), Sébastien Lallier (élu CE CGT SAM) et David Gistau (secrétaire UD CGT) ont fait part d’un soulagement global après l’annonce du jugement du tribunal de commerce de Paris de valider l’offre de reprise de trois sociétés du groupe Arche (SAM Technologies, FVM et Alfisa).
Une décision qui met fin à une période angoissante de trois ans, où les salariés ont connu un ascenseur émotionnel au fil des annonces jalonnant la procédure judiciaire.
Avec une vigilance accrue sur les porteurs de projet : «Nos critères étaient le volet social, le volet industriel, et la conservation du bureau d’étude».
Avec l’arrivée du groupe Jinjiang Group, qui a déjà repris la société Sabart Aéro Tech de Tarascon-sur-Arière (spécialisée dans l’affinage et les alliages de métaux) les salariés du premier employeur du Bassin, voient enfin l’ambitieux plan de relance qu’ils espéraient depuis belle lurette pour moderniser l’outil de travail : 56 M€ dont 16 M€ de financement et 18,50 M€ d’investissement sur SAM seule.
Selon la CGT, l’adhésion des salariés à 98% (via un vote à bulletin secret) à l’offre de Jinjiang a sans doute été déterminante dans la décision du tribunal de commerce.
Il faut dire qu’outre l’ambitieux plan de relance, la casse sociale est faible : 20 licenciements dont 10 départs volontaires.
C’est donc avec soulagement que les salariés ont quitté l’usine, dont la production est arrêtée depuis hier et jusqu’au 3 janvier, pour raison de congés.
SAM Technologies s’appelle désormais Jinjiang SAM, et son président est Yun Xu (lire ci-contre), également patron de Sabart Aero Tech.
David Gistau pointe un nouvel enjeu pour le Bassin : la nécessaire formation pour accompagner le développement des entreprises locales. Et de plaider pour un travail en commun impliquant tous les acteurs et décideurs dans le Bassin. «N’oublions pas qu’un emploi industriel génère trois ou quatre emplois induits».
Les réactions
François Marty (maire de Decazeville et vice président de Decazeville communauté en charge des affaires économiques) : «Cette reprise est une excellente nouvelle à la veille des fêtes de Noël. Cette reprise par le groupe chinois Jinjiang permettra un plan d’investissement qui est le plus important pour le développement de l’entreprise et du Bassin».
Christian Tieulié (conseiller départemental Lot-et-Dourdou) : «Je suis ravi pour le Bassin. Ce sont de belles nouvelles de fin d’année et porteuses d’espoir pour le Bassin avec la reprise de la SAM, le projet de la SNAM et le classement du Bassin en ZRR (zone de revitalisation rurale). Je souhaite maintenant que l’ensemble des collectivités (commune, communauté des communes, conseil départemental, région et état) puissent accompagner ces projets; et qu’en 2018 on puisse trouver la bonne formule, dans le cadre du groupement hospitalier de territoire (GHT), pour que l’hôpital de Decazeville trouve sa place car avec ce développement économique qui se précise nous aurons besoin de services de proximité notamment d’urgence».
Jean-Louis Denoit (maire de Viviez) : «Je suis très satisfait que la reprise ait été actée. La boite est reprise et le groupe chinois a l’air très solide et sérieux. On souhaite qu’il pérenise l’entreprise, et qu’il la développe, y compris dans d’autres secteurs d’activité que l’automobile».
Bernard Dalmon (vice-président CCI, président du Medef 12 et ex-président de Mecanic Vallée) : «Je suis vraiment heureux pour les représentants du personnel qui ont défendu avec force, conviction et sens des responsabilités ce dossier. Heureux aussi pour tous les collaborateurs de Sam, pour le Bassin, mais aussi l’ensemble du département et de son industrie. Tous ensemble on peut déplacer des montagnes, mais je le redis, ce sont eux qui ont fait 99 % du boulot. Nous avons, avec modestie et humilité, appuyé le dossier et les avons soutenus. Le mérite leur en revient à eux seuls».
3 questions à Yun Xu, Président de Jinjiang SAM
Votre sentiment après la validation de votre offre par le tribunal de commerce de Paris?
Je suis très heureux, car c’est un dossier dont nous avons eu connaissance tardivement. Nous n’avons eu que deux mois pour l’évaluer et le boucler. Acquérir une entreprise est une chose, la gérer en est une autre, surtout une entreprise de cette taille.. C’est pour nous une belle opportunité de diversification. J’ai une grande confiance en l’avenir, car Renault est un client fiable, et j’ai senti combien les salariés sont attachés à leur ville, de même que leur motivation pour développer l’entreprise. C’est un grand challenge.
Quelles sont vos priorités?
Janvier sera consacré à la mise en place de la nouvelle équipe de direction, la réorganisation; identifier et mettre en place une stratégie et une synergie entre les sociétés du groupe. Nous avons eu des contacts avec Bosch qui doit nous auditer en janvier. C’est un bon signe. Nous souhaitons récupérer Daimler comme client, les discussions sont en cours. Nous souhaitons aussi discuter avec Peugeot. Et un nouveau marché semble s’ouvrir en Chine où Arche jouit d’une image positive. Nos ambitions sont internationales.
Les investissements annoncés sont importants, quelles sont vos projections?
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Si tout se met bien en place, j’ai pleinement confiance pour 2019-2020. Nous allons travailler ensemble pour retrouver rapidement le niveau des années 2005-2006.
Il y aura bien sûr des difficultés et des problèmes à régler, mais sur ce challenge, je n’ai que des sensations positives.