Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie et des Finances, a visité, hier, l’usine Bosch et participé à un tour de table avec les élus, les représentants syndicaux et les dirigeants de l’entreprise. Avant de poursuivre cette journée de reconquête industrielle à Sofop.

Arrivée avec plus de trois-quart d’heure de retard sur l’horaire officiel (ah, cette liaison aérienne Rodez-Paris !), la secrétaire d’État auprès du ministère de l’Économie et des Finances, Agnès Pannier-Runacher a visité, ce mardi matin, les ateliers de l’usine Bosch au pas de course, sous la conduite du directeur du site castonétois Olivier Pasquesoone et du président de Bosch France, Heiko Carrié. Après avoir découvert les principales fabrications de l’équipementier automobile, l’ancienne directrice déléguée de la Compagnie des Alpes a parcouru la «salle blanche», où le groupe Bosch investit actuellement 14 M€ pour moderniser l’une des deux chaînes de fabrication d’injecteurs common rail. Cette nouvelle ligne, qui permettra de produire des injecteurs de 2000 bars, répondant aux nouvelles normes européennes, sera opérationnelle à la mi-avril.

«Usine modèle»

La représentante du gouvernement a ensuite participé à une table ronde avec les élus de l’agglomération, les représentants des organisations syndicales et les dirigeants de l’entreprise. L’occasion de redire l’attachement du gouvernement au dossier de cette «usine modèle pour l’ensemble du territoire», et d’évoquer, bien sûr, l’effondrement du marché du diesel, avec une chute de 36 % des ventes. Pour Agnès Pannier-Runacher, il importe désormais «d’accompagner la transition du diesel, qui prendra du temps, en faisant preuve de neutralité technologique.»

«Il est prouvé que certains diesels ont un niveau de qualification aussi élevé que les moteurs essence, mais si ce n’est pas le cas, il ne faut surtout pas mentir au consommateur, car il en tirera des conclusions violentes», a-t-elle insisté, appelant constructeurs et équipementiers à la plus grande transparence. Abordant la nécessaire diversification industrielle du site aveyronnais, Agnès Pannier-Runacher n’a pas manqué de souligner qu’il «faut chercher 150 emplois de plus», sachant que «l’on n’installe pas une nouvelle activité du jour au lendemain». à ce jour, les différentes pistes de diversification envisagées en direction des secteurs de l’automobile, de l’horlogerie, de la production d’hydrogène, de l’aéronautique ou de l’ingénierie industrielle représentent un potentiel de l’ordre de 150 emplois, alors qu’en l’état actuel des prévisions de la direction de Bosch, 300 emplois sont directement menacés.

Incertitudes

Pour le président de Bosch France, Heiko Carrié, «la ministre a bien pris en compte les menaces qui pèsent sur le diesel et sur le site de Rodez.» Et il faut, selon lui, «travailler sur toutes les options possibles dans les domaines de la micro-mécanique et de la haute pression.» Interrogé sur la rencontre du 15 mars à Stuttgart avec la direction centrale de Bosch, à laquelle les représentants du personnel ne sont toujours pas conviés, le patron de Bosch France-Bénélux a laissé planer le doute sur les réelles intentions du groupe. «Là aussi, c’est la transparence qui compte. Ce qu’on peut faire pour Rodez et ce qu’on ne peut pas faire… Tout dépend du marché du diesel, comment il va se développer. Le marché se stabilise en Allemagne, mais ce n’est pas encore le cas en France. À Rodez, on essaie d’équilibrer les forces. Il faut trouver comment gérer de façon habile cette chute.»

«Tout ça pour ça. C’est une coquille vide qui ne répond pas aux inquiétudes des salariés», a quelque peu ironisé le porte-parole de la CGT, Yannick Anglarès, ce dernier se félicitant par contre, du soutien sans faille des élus de l’agglomération ruthénoise et des parlementaires aveyronnais. Ces derniers n’ont pas manqué, ces derniers jours, de relayer la proposition du ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, de permettre aux véhicules diesel les plus modernes de bénéficier de la vignette Crit’Air 12. Ainsi que l’a confirmé Agnès Pannier-Runacher, le gouvernement, qui doit faire face aux réticences du ministère de la Transition écologique, n’a encore pris aucune décision. «Si le gouvernement donne le feu vert, nous demanderons un retour pour le site de Rodez», a commenté Yannick Anglarès.

Source: Joël Born – www.ladepeche.fr – Publié le Crise du diesel : la nécessité de la diversification industrielle à l’usine Bosch